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songer aux extravagances de cet ivrogne, qui voulait que madame Schérer fût sa femme. Ce fut madame Renault qui la première rappela ce trait remarquable.

— Mon Dieu ! dit-elle peu après, ça ne m’étonnerait pas. Il m’est bien revenu quelque chose comme ça sur le compte de ces dames. Dans tous les cas, il y a du louche ; car enfin, ce monsieur l’Italien qui vient n’est pas de la famille. C’est toujours bien désagréable d’exposer une maison comme il faut à des invanies pareilles.

Ces suppositions eurent de longues suites quand les deux époux, leur besogne finie, furent réunis dans leur loge. Une heure après, mesdames Fressurey traversèrent le vestibule. C’était un usage suivi entre elles que la fille laissât à la mère tout le soin des rapports obligés avec les concierges. Madame Fressurey venait seule prendre la clé ou la bougie, tandis que madame de Schérer, gardant son quant à soi, montait fièrement l’escalier. La portière attendait cette entrée avec impatience : elle prit à part madame Fressurey, tout enflée de son mystère, et lui conta la chose de point en point avec tous les commentaires et tous les ornements que sa verve lui put souffler. Madame Fressurey pâlit.

— Chassez-le, ne le laissez jamais monter. — Puis, soupçonnant que sa fille s’impatientait, elle ajouta : Je vous dirai ce que c’est.

Et elle ferma la porte. En effet, Cécile, se retournant vers sa mère sur le palier :

— Mon Dieu, maman ! que peux-tu donc avoir à conter à ces gens-là ? c’est vraiment insupportable. Enfin que voulaient-ils ?