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à des événements plus importants, quoique moins merveilleux, et qui marchent plus droit au but.

Il était convenu que Schérer irait toucher sa pension chez un notaire qui avait en dépôt certaines sommes que la famille Baffi mettait à la disposition de son bien-aimé fils. Schérer, stimulé d’ailleurs par le même Lapointe, se procura l’adresse de sa nouvelle famille. Mais pour précipiter cette relation surprenante, nous franchirons plusieurs scènes intermédiaires où Lapointe ne fit qu’irriter la blessure qu’il avait faite au cœur de Schérer, sous prétexte d’y verser l’huile et le vin. Cette expression n’est qu’à demi figurée, puisque le dernier de ces entretiens se tenait à la cantine de l’hôtel, où Schérer, sous l’égale impulsion des conseils de son ami et d’un nombre incalculable de petits verres, résolut de mettre à exécution ses projets antérieurs.

Il s’achemina majestueusement, fort de son droit, jusqu’à la rue de Verneuil, levant le nez de place en place et questionnant les Auvergnats du coin d’un air impérieux. Enfin il s’arrêta devant le numéro 10, et pénétra sous la porte cochère de l’air dont il serait jadis entré dans Berlin s’il avait pris seul cette capitale.

La loge du concierge était vide ; l’invalide se retourne, puis s’avance dans la cour et, frappant de sa canne sur les pavés, appelle le portier à tue-tête. Cette invocation fut accompagnée d’une pantomime impatiente et de jurons scandaleux dans une maison comme il faut, ainsi que disait le portier quand il montrait aux chalands ses appartements à louer.

La portière, qui rangeait une chambre de garçon à l’en-