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dame Gidoin, la première et décisive entrevue, dont le vieux brave lui-même rendit un compte succinct aux employés du ministère. Huit jours plus tard, car on hâta les choses, la cérémonie civile fut pratiquée comme on l’a dit plus haut, sauf un léger contre-temps, le futur époux n’ayant pu faire usage des hardes qu’on lui avait envoyées pour les raisons qu’il donna lui-même ; ce qui fut un cruel crève-cœur et un bien sensible affront à ces dames et particulièrement à Cécile. Mais madame Gidoin lui dit à ce sujet : — Ce qui est fait est fait ; vous n’avez qu’à vous réjouir, vous voilà tirée d’embarras, honorablement placée dans le monde et tout ne peut aller que de mieux en mieux.

Ces dames, en effet, apprécièrent leur bonheur, qui leur fit bientôt digérer les dégoûts de la cérémonie. On fit imprimer, à la hâte, des cartes de visite où se lisait sur papier porcelaine ce nom majestueux : Madame de Schérer. Dès lors sembla s’ouvrir pour la veuve et la fille de feu Fressurey, une carrière sans bornes de prospérités.

Mais j’ai hâte de retourner vers le brave Schérer, qui est en somme le véritable héros de cette aventure, et que nous avons laissé seul, regagnant l’hôtel, à cloche-pied, après la scène de la mairie où, quoique principal personnage, il n’avait paru qu’en figurant. Il va sans dire que les dames Fressurey étaient assez déchues de leur première condition pour s’épargner dans une telle affaire la bénédiction de l’Église.

Le rôle de Schérer se borna donc aux formalités civiles, et nous allons le suivre dans le trajet qu’il fit de la rue de Grenelle à l’hôtel des Invalides, durant lequel il ne