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Madame Gidoin, voyant ses démarches appréciées, en poursuivit le détail avec un nouvel empressement.

— Et puis enfin, s’écria-t-elle, je vous gardais ce renseignement pour la fin, pour le bouquet ; c’est un homme qui a tout à fait le goût de la boisson.

— Ah ! fi donc ! s’écria Cécile.

— Comment ! fi donc !

— Dame ! murmura la mère indécise sur un pareil avantage.

— Comment ! dame !

— Eh bien ! reprit la mère.

— Eh bien ! s’écria madame Gidoin.

— Eh bien ! oui, je ne vois pas, dit la mère, que cela soit déjà si flatteur.

— C’est une infamie ! reprit Cécile.

— C’est le bonheur de votre vie, enfant ! s’écria madame Gidoin ; un homme adonné à la boisson, et soixante et onze ans ! ça vaut de l’or. Savez-vous ce que ça boit, ces gens-là ? Je m’en suis informé. Ça n’est pas du vin comme en boit le premier venu. Ah ! si c’était un homme à vous vider deux ou trois brocs dans un cabaret, pour crier après, dans les rues et rouler tout uniment dans le ruisseau, je serais la première à me méfier ; mais cet autre vous avale de l’eau-de-vie pur esprit, tout ce qu’il y a de plus fort, par potées, et puis tombe mort, comme qui dirait du haut mal.

— Ah ! quelle horreur ! s’écria Cécile ; c’est fini, qu’on ne m’en parle plus.

— Enfant, s’écria plus haut encore la Gidoin, est-ce que vous entrez dans ces détails-là ? Comment un homme de