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— Ça vous remettra, dit Cécile ; ça donne du ton. Va chercher la bouteille, maman.

Madame Fressurey revint avec la bouteille et plusieurs verres.

— Nous vous tiendrons compagnie, madame Gidoin. Une bonne nouvelle vaut bien ça.

— Et une fière nouvelle, dit la Gidoin, je m’en vante, l’ai trouvé un bonhomme qui vous va comme un gant.

— Un officier ? s’écria Cécile.

— Un officier ! comme vous y allez, vous ! Pourquoi pas un maréchal de France ? Cherchez-en pour le prix. Car enfin, pourquoi un homme peut-il s’engager dans cette affaire ? Ça n’est pas pour l’honneur, n’est-ce pas ? Cécile, mon enfant, il ne faut pas être trop exigeante.

— C’est vrai, dit la mère. Parlez donc, madame Gidoin.

— Mon homme n’est pas officier précisément, mais c’est à peu près. Il a plus de vingt ans de service en qualité de soldat dans la cavalerie et l’infanterie ; un homme respectable tout à fait, cinq pieds huit pouces, bonne mine, bien couvert ; il me paraît qu’à l’hôtel on leur fournit tout ; une capote bleue à boutons d’argent, bien boutonnée, et une belle prestance avec ça, un chapeau à cornes avec une cocarde, tout à fait comme un officier. À le voir, vous diriez un officier.

— Un invalide enfin ! dit Cécile impatientée.

— Eh bien, quoi ! un officier qui vieillit n’est qu’un invalide. Invalide si vous voulez. Un officier n’est toujours qu’un invalide du moment qu’il n’est plus officier ; c’est bonnet blanc et blanc bonnet.