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encombrés de pantins, de magots, d’instruments de musique en miniature. Mais que j’ajoute un trait qui me tira des larmes et dont le lecteur serait touché comme moi si je le pouvais rendre dans sa parfaite vérité. Il y avait auprès de la cheminée un petit fauteuil d’enfant, devant une table où le couvert était mis dans le même goût ; les flambeaux et les bougies n’étaient pas plus grands qu’un cure-dent ; les assiettes, les flacons, les cuillères étaient assortis, et sur cette table étaient apprêtés, avec une sollicitude maternelle, des massepains, des gimblettes et force sucreries : c’était une surprise que le pauvre officier avait coutume de faire à sa fille.

— Voulez-vous que nous lui parlions, dit madame Lescot. Je voulais la retenir, mais elle avait déjà poussé la porte en me tirant après elle.

— Cela lui fait du bien, dit-elle.

Au bruit que fit la porte en s’ouvrant, le capitaine tressaillit, et, se levant précipitamment, il courut à l’autre porte qui donnait sur le palier ; ne voyant personne dans le corridor, il revint tristement en disant :

— La petite fille n’est donc pas venue aujourd’hui… elle viendra sans doute demain.

Il se remit à la même place sans prendre garde à nous. Étant demeuré quelques instants immobile, avec un air de tristesse et de douce résignation, il se releva et se mit à ranger soigneusement tous ses étalages ; il enleva le couvert de la petite table et la nappe, qu’il replia proprement. Il serra le berger, ses moutons, ses chiens, sa maison et ses arbres dans une boîte de bois blanc, et, quand tout fut serré, il leva les yeux sur nous comme s’il ne faisait que