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LE CAPITAINE RONQUEROLLES


Le lecteur a pu déjà s’apercevoir que j’étais, dans mes promenades, extrêmement curieux, badaud et, comme on dit à Paris, flâneur. Un rien m’arrête ; deux enfants qui se battent, un homme ivre, des chiens savants, un amas de peuple : je ne saurais passer outre. Je vois commencer ainsi mille scènes dont il faut aussi que je voie la fin. Si deux passants causent trop près de moi, je ne puis m’empêcher de prêter l’oreille. Cela est malhonnête, dit Figaro, mais c’est le meilleur moyen pour entendre. Une phrase saisie au vol m’a suffi souvent à deviner bien des choses.

Je dirai donc seulement pour m’excuser de ce défaut, qu’il est fort amusant et parfois profitable. Qui pourrait rendre, par exemple, ma surprise et mon plaisir puéril, en reconnaissant hier dans la rue, sous des habits à peu près décents, un paillasse de carrefour bras dessus, bras dessous avec le maître escamoteur et divinateur qui l’assomme de coups de pied en présence du public ?

Quoi de plus consolant que de les rencontrer hors des