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demain, comme un cri partait auprès de mon lit, je me réveillai en sursaut, et je vis ma pauvre Desfontaines qui rangeait, frottait, nettoyait en frappant des mains et en grondant tout bas, ce qui lui est assez ordinaire pour que je ne doive plus m’en alarmer.

— Monsieur, me dit-elle…

— Laissez-moi, dis-je, j’ai bien autre chose à songer… J’étais trop occupé de la conversation de la veille, qui me revint aussitôt à la mémoire.

Je m’étonnais, en y pensant, de ne pas avoir été plus frappé dans le moment même. Je ne m’abusai pas et je vis là un sujet de longues réflexions et de grandes perplexités dans ce premier instant où l’esprit lutte encore avec le sommeil. Toutes mes croyances, toutes mes opinions anciennes furent ébranlées.

Bientôt les doutes augmentèrent, je saisis le Nouveau-Testament sur ma table et je l’ouvris.

Peu à peu les ténèbres se dissipèrent ; je me calmai, je me recueillis ; l’éternelle vérité de la foi rayonna de nouveau.

— Va, m’écriai-je en frappant du livre sur la table, maudit et malin esprit ! Il ne lui manquait que cela, il s’est fait hypocrite… il n’a plus d’autres ressources.

Je me rappelai en même temps le proverbe : quand le diable devient vieux…

— Va, m’écriai-je, tu as pu m’abuser un moment, à l’heure où l’esprit fatigué cède aux illusions des sens… et puis tu m’as pris par mon faible ; mais je ne suis plus ta dupe… et si jamais je te rencontre… Je fus frappé en ce moment de la ressemblance qu’il y avait entre mon visi-