Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

çait au-dessus de son gilet et un grand col se déployait autour de ses oreilles, il tenait un parapluie à la main.

— Monsieur, me dit-il d’abord, je vous demande la permission de garder mon chapeau sur la tête ; j’ai les cheveux clairs, le cerveau fort délicat et je m’enrhume aisément.

— Monsieur, faites-moi le plaisir de vous asseoir. Est-ce qu’il pleut ?

— Je le craignais. Il est tombé quelques gouttes ; mais mon parapluie est sec. Je n’ai pas l’honneur d’être connu de vous ?

— Il est vrai, monsieur.

— Avant tout je vous demande pardon de me présenter chez vous à pareille heure. Je ne puis sortir le jour sans souffrir des insolences de la part des petits polissons ; il n’est pas rare qu’on en vienne aux voies de fait, sous prétexte que mes habits sont anciens. Chacun tient à son goût et à son temps. Vous comprendrez ces avanies quand vous saurez qui je suis…

Je brûlais de le savoir. Il me regarda d’un air confiant.

— Je vous dois compte aussi du motif de ma visite. Vous avez, monsieur, devant les yeux l’exemple le plus illustre et le plus déplorable des méchancetés humaines, la victime des calomnies les plus noires, les plus anciennes, les plus répandues qui aient jamais souillé la face du monde, et, par conséquent, l’être le plus malheureux, le plus indignement persécuté et le plus impatient de sortir de cet état… Je viens implorer votre assistance… Je sais que vous vous mêlez d’écrire et je vous ai choisi entre tous vos confrères, non que vous ayez plus d’esprit et de talent… je ne