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saura pas mauvais gré ; je ne veux m’en prendre ici qu’au sujet.

J’avais à peine passé les premiers chapitres, que j’eus devant les yeux la vision récapitulative de tout ce qui s’est jamais écrit de plus rebutant sur la sanglante canaille des bagnes.

Ce n’était qu’apparitions horribles, coups de stylet donnés dans l’ombre, mares de sang sur les grands chemins, cadavres traînés dans l’eau, débauches, crimes et supplices.

— Eh quoi ! dis-je, voilà donc pour aujourd’hui le livre à la mode. Cela était si frappant, si glacial, si épouvantable que je m’endormis paisiblement.

Comme j’étais dans le premier sommeil, on frappa deux petits coups à la porte de ma chambre.

Je r’ouvris à demi les yeux et j’entrevis à travers mes cils, il m’en souvient bien, la faible clarté de ma veilleuse.

Je ne pus croire qu’on eût laissé monter à cette heure et je me retournai sur mon oreiller.

Cette fois j’entendis deux nouveaux coups fort distinctement.

— Entrez ! criai-je.

La clé tourna dans la serrure, et je vis entrer un homme qui me fit fort poliment des excuses.

— Attendez, monsieur, lui dis-je, que je sache à qui j’ai l’honneur de parler ; mais cependant asseyez-vous de peur de vous cogner aux meubles.

L’homme balbutia de nouveau quelques politesses et ne bougea plus.

Tout à coup l’extrait le plus rapide, le plus lumineux, le plus substantiel de ma lecture me repassa comme un