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l’un des plus petits États d’Italie. La famille jadis illustre du jeune Baffi, qui ne savait que faire d’un rejeton sans cervelle, fut trop heureuse de le voir embrasser ce parti. Il partit donc à Paris avec le titre d’attaché à l’ambassade de…, sans autre attachement que des invitations de bal et la permission de dissiper sa fortune.

À couvert de cette faveur, le jeune comte essaya de se mettre au niveau des jeunes gens du bel air ; il menait grand train, il se montrait assidûment dans les théâtres, les lieux publics à la mode, et cherchait, sans trop y réussir, à frayer avec les héros du jour. Sa figure étrange, son accent savoyard, ses grimaces, le préservaient malgré tout de triomphes trop dangereux, et il n’avait point tout le succès qu’on eût pu craindre.

Il ne manqua point de revoir Cécile. On ne s’attend pas que je suive les progrès d’une liaison de ce genre ; entre des femmes avides, dès longtemps suspectes, et un garçon si sot, disposant de son bien, les choses devaient aller vite. Baffi eût pu tomber en de pires mains, et c’était merveille qu’il eût échappé déjà à telles sirènes parisiennes qui lui auraient tiré jusqu’à la dernière plume de l’aile. Cécile, toutefois, servie par un heureux naturel, polie dans les coulisses, ne laissa pas d’entêter passablement son étranger. On lui sauva subtilement les dégoûts du logement au cinquième étage ; mille prétextes, tirés de la morale et des convenances, l’empêchèrent d’y pénétrer. La mère Fressurey, soit dit en passant, eut un beau petit bout de rôle dans ces préliminaires et joua parfaitement la femme respectable.

Ensuite, on déroula peu à peu la longue litanie des mal-