les poêliers-fumistes ; mais cet accent et ces singeries achevaient d’éblouir ces dames, comme un suprême cachet de grandeur et de distinction. Madame Fressurey poussait des Oh ! et des Ah ! qui la dispensaient d’autres réponses, et Cécile, toute morfondue, se mordait les lèvres pour y rappeler quelque teinte vermeille.
On ne tarda point à gagner le logis de ces dames, qui n’était pas fort éloigné.
Madame Fressurey, par mauvaise habitude, se mourait de peur que M. le comte ne demandât à monter ; elles habitaient un réduit infect sous les combles, où s’étalaient dans toutes leurs pompes les horreurs de la pauvreté ; mais le noble jeune homme se contenta de demander s’il aurait une autre occasion d’entendre mademoiselle Cécile. Justement, elle devait chanter, à trois jours de là, dans la même salle. Ces dames voulurent bien en informer M. le comte avec force révérences ; elles descendirent sous les regards de leur portière ébahie, et le carrosse s’éloigna bientôt avec son roulement majestueux. Je vous demande si la mère et la fille, qui n’étaient point revenues de leur étonnement, se livrèrent aux conjectures, aux rêves, aux espérances ; elles ne purent fermer l’œil de la nuit.
M. le comte Baffi était un fils de famille italienne, âgé de vingt-deux ans ; pour vivre à Paris, dont il avait la tête enflammée, il s’était avisé d’un expédient fort en usage en tout pays parmi les jeunes gens qui ont quelque argent à manger, qui veulent courir le monde et qui cherchent un prétexte à ne rien faire. Il s’était mis à la suite du chargé d’affaires que son souverain entretenait à Paris ; nous ne désignerons pas autrement cette souveraineté de