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UNE ANECDOTE LITTÉRAIRE


Ceci est un détail biographique qu’on ne trouve pas dans les livres, et que nous tenons par hasard d’un bonhomme de Normandie, mort quelque temps avant la Révolution. Nous allons tâcher de l’écrire aussi simplement qu’il nous l’a conté.

C’était un soir où notre chaise vint à se rompre à deux lieues de la terre de M. le marquis. Il faisait un grand orage ; les chemins étaient inondés. On nous mena passer la nuit chez le maître d’école du lieu, dont la maison était la plus proche.

Après souper, comme nous feuilletions de vieilles reliures jetées en tas sur un rayon pour tuer ce temps si triste d’une soirée d’hiver en pleine campagne, le bonhomme soupira.

— Hélas ! nous dit-il, je n’ai là que des livres de piété ; vous n’y trouverez pas de quoi divertir des gens de votre condition : il vous faudrait des romans à la mode, des poèmes de galanterie ; mais je ne suis jamais sorti de ce