Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autre femme vêtue comme elles de longs voiles blancs et le front ceint d’un diadème. Cette vierge avait les traits d’une dame que j’ai beaucoup connue autrefois. Alors, j’ai confusément entendu des chants d’une douceur infinie. Quand j’ai regardé de nouveau, cette femme que je reconnaissais était couchée dans un cercueil et couverte de fleurs. Et tout à coup, un gouffre s’est ouvert à quelques pas de moi, et il en sortait comme un chœur infernal qui m’appelait à grands coups de cymbales. — C’est ma coutume de fermer les yeux quand j’écoute de la bonne musique. — Lorsque je les ai rouverts, l’orchestre jouait encore, et il m’a semblé que j’avais dormi.

Un gentilhomme anglais, qui se tenait penché, leva sa tête chauve et interrompit posément.

— J’étais au milieu d’une forêt ; le son d’un tympanon a fait accourir trois jeunes filles. Elles tournaient si vite sur elles-mêmes, qu’on ne distinguait que l’éclat de leurs anneaux d’or. Bientôt leur tête a grossi démesurément. C’était trois oiseaux monstrueux, trois squelettes difformes, un long museau décharné qui grandissait à vue d’œil et s’approchait pour me dévorer avec mille transformations soudaines et horribles. — Je me suis retrouvé sur un rocher pelé, au milieu de la nuit. Les arbres gémissaient à grand bruit. Un dragon qui voilait le firmament les courbait du vent de ses ailes. — Plus tard, j’ai entrevu un pulcinella de Naples qui bramait comme un enragé dans un morceau d’ensemble. Ensuite, c’était un beau régiment qui défilait dans une ville, musique en tête. On marchait à l’ennemi, et les dames agitaient leurs mouchoirs vers les officiers, qui répondaient en faisant reluire leur épée au soleil. Le