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tête, au bruit des fanfares. Il se fait d’abord un tumulte d’acclamations, d’armures froissées et de hennissements. Les hérauts donnent le signal et les trompettes sonnent la charge. Pendant le combat, les hautbois jouent des airs de guerre. Les reprises vives marquent les diverses passées. Enfin, un grand cri s’élève ; on couronne le vainqueur, et tous les instruments éclatent en des chants de triomphe. Voilà, à ce qu’il me semble du moins, de quoi il s’agit.

M. Stranz fit un effort bien visible pour se contenir, et le prince baissa la tête.

— Quant à moi, dit une dame française qui revenait de Baden, j’ai pensé, d’un bout à l’autre, qu’il était question d’une brouille et d’un raccommodement à peu près comme dans nos pastorales d’Opéra. Je voyais, mais à n’en pas douter, le petit amoureux en veste bleu de ciel qui cueillait des fleurs près du bocage. La bergère le guignait malicieusement entre les branches. Puis ils se faisaient comme cela des petits gestes mutins qui les mettaient en bouderie. Colin jetait son bouquet avec dépit, et se mettait à jouer de son flageolet. L’air devenait plus languissant à mesure ; la bergère, attendrie, se rapprochait aussi peu à peu, et, ma foi, j’en étais là, quand la musique a cessé. Ce morceau est un peu court.

— Moi, dit un jeune Allemand, il m’a semblé d’abord nager dans de hautes et obscures régions. Je n’entendais qu’une immense bourdonnement autour de moi. Puis les ténèbres s’entr’ouvraient en fuyant, et j’ai distingué d’énormes arceaux qui s’allongeaient à mesure, et une nef si vaste, qu’on y était saisi d’effroi. Des femmes vêtues de blanc s’avançaient au pied d’un trône où était assise une