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noce de village qu’on a voulu peindre dans la symphonie. Cet appel du commencement, c’est le réveil des conjoints avec les tambourins et les fifres qui se promènent par le village pour réunir les invités. On donne d’abord l’aubade sous les fenêtres de la future. Vous avez dû remarquer ces cadences naïves du fifre. Ensuite l’on s’en va gaiment à l’église, tandis que les garçons font des décharges de mousqueterie sur la place. Les voix des jeunes filles accompagnent le plain-chant du curé. Dans l’après-dînée, la noce s’assemble devant le château. Les ménétriers s’accordent au milieu des éclats de rire. La danse commence par un menuet où brillent à la fois la vivacité du prétendu et la pudeur ingénue de la mariée. Les vieillards, plus expérimentés, s’enivrent sous les arbres à de longues tables. Les cris des servantes couvrent les violons, et la journée s’achève au bruit des refrains et des verres cassés.

Le prince souffrait pour son maître de chapelle, et prit la parole en ces termes :

— Je m’étonne que des gens de goût comme nous le sommes tous aient pu se tromper de la sorte à l’expression de ce morceau, qui, d’ailleurs, est un excellent morceau. Le sujet y est parfaitement rendu, et, puisqu’on n’a pas su l’y voir, il faut bien le dire. Ce n’est pas autre chose qu’un tournoi du vieux temps. Vous voyez dès le matin, l’horizon noyé des chaudes vapeurs. Les cors se répondent dans la plaine, et la campagne s’éveille à l’entour. Voici maintenant des cavalcades qui s’avancent au loin et les cuirasses qui étincellent à travers des nuages de poussière ; dans l’arène, ce ne sont que panaches, parures et pavillons déployés. Chaque seigneur fait son entrée bannière en