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Dans le silence qui suivit cette scène lugubre, frère Paul, pâle, oppressé, se jeta involontairement au cou de l’oncle Scipion, puis joignit les mains, témoignant assez par ce transport muet la grandeur du péril auquel ils venaient d’échapper.

— Ah ! mon ami, dit l’oncle Scipion en pleurant, voilà qui me décide, nous allons partir. Je trouve d’ailleurs, ajouta-t-il, que c’est un procédé bien cavalier de la part de mon neveu de ne nous avoir point fait avertir plus tôt.

Enfin, saisissant un moment de répit dans ce grand trouble où l’on était, il s’approcha de Dumarsouin :

— Eh bien ! mon neveu, lui dit-il d’un air d’affliction, nous voilà donc chassés de chez toi ?

— Que voulez-vous que j’y fasse ? répliqua l’autre.

— Au surplus, nous avions déjà résolu de partir. Le climat ne nous est pas bon, et ce dernier événement, à mon grand regret, nous décide à nous séparer de toi.

— Bon voyage !

L’oncle Scipion, outré de ce ton malhonnête, ne trouva rien à répondre, mais frère Paul lui vint en aide.

— Bon voyage, soit, monsieur le neveu, mais, à cet effet, vous nous rendrez bien notre argent, dont nous avons besoin.

— Votre argent ! dit Dumarsouin, quelques misérables louis !

— Qu’importe ? dit l’oncle Scipion ; moins la somme est forte, et plus elle nous est nécessaire.

— Avez-vous bien le cœur de me parler d’affaires en présence de ce malheur qui m’arrive ? s’écria Dumarsouin d’un air tragique. Eh bien ? monsieur, votre argent est