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— C’est trop vu.

— Eh bien ! soit, la nuit porte conseil, dormons ; nous aviserons demain.

Dérangés de leur premier sommeil, ils y retombèrent plus lourdement, et si lourdement qu’ils ne s’éveillaient point, le matin venu.

Sur les neuf heures, un domestique monta chez eux.

— Eh quoi ! dit-il, messieurs, vous dormez encore, on ne vous a donc point avertis ?

— De quoi ? dit l’oncle en bâillant.

— J’ai pris sur moi de vous déranger, et vous m’excuserez, dit le domestique, car la chose en vaut la peine.

— Parlez donc, dit frère Paul.

— Eh bien ! monsieur, par suite de l’événement de cette nuit, l’architecte a donné le conseil de quitter vite la maison, dont les fondements ont été endommagés par l’explosion, et qui pourrait bien s’écrouler.

— Ah ! mon Dieu, c’est vrai, elle est neuve ! s’écria l’oncle.

— Oui, dit le domestique, et cela est si peu solide, si vite fait, on a tant raffiné sur la manière de bâtir, que l’œil est ébloui, et ce n’est que sable et poussière.

Mais l’oncle Scipion et frère Paul, leurs habits sous le bras, couraient sans l’écouter d’étage en étage. Déjà des craquements se faisaient entendre. Ils ne s’arrêtèrent que dans la maison voisine, où ils trouvèrent Dumarsouin qui se lamentait au milieu d’un concours de personnes.

À peine ils étaient là que la catastrophe eut lieu, et ce fut une horreur sans pareille de voir s’abîmer les murs et les charpentes avec un bruit inimaginable et une poussière qui couvrit tout le quartier de ténèbres.