instrument fort commode qui est le galactomètre. La machine électrique vous offrira un sûr moyen de décomposer les huiles ; et comme les marchands vous vendent de prétendues flanelles dont la chaîne est coton, et qui, par conséquent, ne valent rien pour les rhumatismes, faites-moi bouillir ces tissus dans une dissolution de potasse à douze degrés, le coton demeurera intact, et la laine se dissolvant ne sera plus que du savon. Oh ! ajouta le médecin essoufflé, tout est plein de falsifications, mais chacune a son antidote, l’industrie a créé des ressources immenses.
— Et il ne reste rien de l’étoffe ? poursuivit l’oncle.
— Du savon, vous dis-je.
— En ce cas, dit frère Paul, ma culotte est toute propre à vous faire la barbe, car elle est sûrement falsifiée.
— Mais, dit l’oncle Scipion au docteur, il faudrait un chameau pour porter tout l’appareil que vous dites là, et cela n’est point commode quand on va boire chopine.
— Serviteur, ajouta frère Paul, serviteur, docteur, grand merci de vos bons avis. — Cet homme est fou, dit-il à l’oncle Scipion dans l’escalier.
Ils sortirent, et quand ils furent dans la rue, frère Paul, s’arrêtant tout à coup, s’écria en sortant de ses réflexions :
— Notre oncle ! je ne vois, moi, qu’un préservatif contre la terrible industrie de ce pays, c’est la diligence ou deux bons chevaux.
— Oui, dit l’oncle, mais j’ai des mesures à garder avec mon neveu, qui a si bon cœur.
— Un homme qui empoisonne le peuple des colonies ! je vous dis qu’il a le cœur aussi faux que ses pacotilles.
— Tu te trompes, frère Paul. Il est certain que le peu-