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Frère Paul, la bouche béante, tenait les yeux fixés sur le médecin.

— Et que devient mon vin ? dit-il avec sollicitude.

— Il n’est plus bon à boire ; mais l’alun vous reste, et vous pouvez faire un procès au marchand.

— Nous voilà bien rafraîchis, père Scipion !

— Pareillement, dit le docteur, l’iode vous signalera la présence de la fécule dans le lait, qui, de blanc qu’il était, devient, par cette expérience, d’un beau bleu ciel. La fécule, à son tour, démasque l’iode dans le sel de cuisine ; et si vous voulez reconnaître l’alcali réel dans la soude et dans la potasse, l’alcalimètre est un instrument fait exprès.

— L’alca…

— L’alcalimètre, on trouve cela partout.

— Fouillez-vous donc, père Scipion, ne l’auriez-vous pas sur vous ? Pour moi, je veux être scié en deux si jamais j’en ouïs parler.

— Les acides nitrique et hyponitrique, poursuivit le médecin, trahissent dans les huiles d’olives la présence de l’huile de pavot qui en retarde la solidification, et de même l’hydrogène sulfuré ou acide sulfo-hydrique vous fera sauter aux yeux les oxydes et les sels de plomb introduits dans le vin, dans les dragées qu’on donne aux enfants, et qui les empoisonnent quand ils ont été bien sages. L’ammoniac, qui, toutefois, peut asphyxier celui qui s’en sert, vous servira utilement à découvrir les oxydes et sels de cuivre dont la fruitière colore vos cornichons. Voulez-vous distinguer aussi les différentes cristallisations des sucres de canne et de pomme de terre ? prenez simplement un microscope. Vous avez pour décomposer le lait un