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quatre hommes habiles une fabrique que je vous ferai voir aujourd’hui même ; enfin je suis d’une troisième compagnie de commerce dont je vous donnerai l’explication.

— Voilà bien des compagnies, dit frère Paul, il suffit qu’elles soient bonnes.

— Celle-ci, dit Dumarsouin, est un effort de génie ; c’est un système tout récent, et qui, peu pratiqué jusqu’à présent, nous promet des succès certains. Voici ce que c’est : Dix, vingt, trente capitalistes réunissent des capitaux et forment une association formidable qui se rend maîtresse du commerce. Cette compagnie s’établit dans un local immense, elle emploie cinq cents commis-voyageurs dans les départements ; on s’informe çà et là des fabricants gênés ; la compagnie a de l’argent comptant ; c’est le pistolet qu’on leur met sur la gorge. Des soieries, des tissus à 5 francs le mètre, je suppose, on les leur extorque à bas prix, et le lendemain cette étoffe paraît derrière nos vitres à 45 sous l’aune. On se l’arrache. Le petit marchand, qui ne la peut vendre qu’au prix courant, ne la vend pas et ferme boutique ; et la compagnie, qui réalise encore un bénéfice énorme sur la quantité, bâtit sa fortune sur les ruines de je ne sais combien de débitants réduits à rien.

— Mais, dit frère Paul, ne la met-on point aux galères ?

— Paix donc ! s’écria l’oncle Scipion, ne vois-tu pas que mon neveu en est ?

— Et je compte bien que vous en serez aussi, mon oncle ; je veux faire votre fortune avec la mienne, et je sais un certain magot qui fructifiera, si vous le voulez, entre