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en plein air, en sorte que, chacun étant retiré dans sa chambre, l’oncle Scipion l’entendait se cogner à chaque instant avec un bruit sourd suivi de jurements qu’il arrêtait entre ses dents.

— Paul, mon ami, lui dit-il, qu’as-tu donc à jurer si fort ? je t’en ai repris bien souvent.

— Ne savez-vous donc point, notre oncle, que je suis ici comme l’âme d’un grelot ? je ne puis bouger que je ne sonne. Ceci n’est point une chambre, mais un cercueil : un mort peut-être y serait à l’aise.

— Bonne nuit, frère Paul.

— Dieu le veuille, notre oncle, et vous de même.

Comme la maison de Dumarsouin était dans un des quartiers les plus peuplés de Paris, le roulement des carrosses les empêcha longtemps de fermer l’œil, et la crainte de s’éveiller l’un l’autre fit qu’ils s’ennuyèrent chacun à part. Enfin, ils commençaient de lutter en ronflant avec le vacarme de la rue, quand un orage terrible éclata sur la ville ; c’était des tonnerres, des torrents de pluie et des rafales qui faisaient rage parmi les cheminées. À ce bruit, l’oncle Scipion rouvrit un œil.

— Entends-tu, frère Paul, comme l’orage gronde ?

— Est-ce que les carrosses seraient montés sur les toits ? reprit l’autre à demi éveillé.

— Non, c’est une tempête ; bien nous prend d’être à l’abri. La maison est toute neuve, à ce que m’a dit mon neveu.

Mais frère Paul était déjà rendormi.

— Écoute, frère Paul, reprit l’oncle Scipion ; je crois que ce vacarme se fait à notre porte ?