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voici une petite avance en cadeau de noces. Vous irez faire le repas à votre guise avec vos amis.

La dame âgée glissa discrètement ses doigts dans la main de l’invalide et disparut. Schérer regarda dans sa main, y vit un louis étincelant qu’il serra dans sa poche avec une satisfaction silencieuse ; et comme il arrivait dans la cour, un fiacre, qui contenait apparemment sa nouvelle famille, partit au grand trot.

— Allez vous promener ! dit l’invalide par manière d’expansion, et clopin dopant il se dirigea vers l’Hôtel.

J’entre à présent dans le sérieux. C’est dans cette prochaine partie qu’il suffit de presser les événements pour en tirer des moralités de toute sorte. Encore une fois, qui l’eût dit, qu’après des préliminaires purement ridicules, nous serions entraînés dans une histoire si triste ! Mais il faut rapporter, puisque je l’ai su, ce que c’était que mademoiselle Cécile Fressurey.

Madame Fressurey, née Quinebaux, demeurait veuve depuis un temps inappréciable pour ses voisins dans les divers quartiers qu’elle avait habités. Je ne donne aucun poids aux conjectures que semblait favoriser cette date inconnue. M. Fressurey avait vécu, puisqu’il était mort, laissant à sa veuve inconsolable un acte de décès en bonne forme, une petite fille de neuf ans et une somme de 50,000 francs pour doter cette fille. Cette somme, M. Fressurey l’avait amassée par ses bonnes et loyales épargnes dans sa place d’économe à l’hospice des Incurables ; et qui peut dire même jusqu’à quel degré d’aisance et de considération il eût fait monter sa famille, sans cette fatale indigestion de melon qui l’emporta en deux nuits, et qui était