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nir de votre dévoué neveu se présentât à votre pensée ; et que d’années se sont écoulées dans cette attente !

» Je ne puis retenir enfin le cri du sang ; dois-je espérer qu’il ne sera point mal accueilli ? Daignerez-vous, cher oncle, me rassurer sur la santé, le repos, le bonheur du frère chéri de ma pauvre mère ?

» J’ai d’ailleurs d’excellentes raisons de vous écrire présentement. Je travaille depuis quinze ans à la fortune de ma famille ; Dieu merci, elle est à peu près faite. Je suis à la tête d’une entreprise industrielle qui peut honorer mon pays en m’enrichissant. Tout me vient à bien.

» Cette heureuse situation me permet de vous rappeler instamment au milieu de nous et de vous offrir ma maison et les soins empressés de ma famille. Il ne manque à notre bonheur que votre présence.

» Quel beau moment pour faire un tel voyage ? Vous trouverez la France enrichie de cinquante ans de recherches, d’industrie et de progrès ; c’est dire assez que vous ne la reconnaîtrez plus.

» Vous ne vous faites aucune idée de ce nouvel âge d’or ; il faut le voir, il faut en jouir ; et je ne me pardonnerais point, moi, votre neveu et l’un des flambeaux de l’industrie moderne, de vous laisser plus longtemps dans les ténèbres du temps passé.

» Depuis la plume que je tiens à la main jusqu’à la locomotive qui vous transmettra ma lettre avec la rapidité d’une flèche, tout en France est changé. Ce sera pour vous un voyage en pays de féerie, où se vont réunir, pour vous enchanter, à tant d’admirables merveilles, la vue du sol natal et la tendresse de vos petits-neveux qui vous ten-