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lieu : il s’agissait pour Schérer de reconnaître, toujours aux yeux de la loi, deux petits enfantelets, fille et garçon, l’un de trois ans, l’autre de deux, qui n’avaient pas attendu cette formalité pour venir à bien. Vous savez que les yeux de la loi sont couverts d’un bandeau.

Cependant les personnages de la noce s’étaient éclipsés à la hâte, l’un derrière l’autre. À peine Schérer eut-il posé la plume, qu’il se trouva seul ; il s’efforça, clochant bruyamment dans les couloirs parquetés, de rejoindre la compagnie ; mais il était difficile, avec cette allure, de regagner du terrain sur des gens pressés. Il vit pourtant au fond du corridor une des respectueuses dames assistantes qui, par une délicatesse plus naturelle aux femmes, s’était retournée pour l’attendre. Elle vint au devant de lui avec cet empressement politique qui veut adoucir un procédé cavalier.

— Oh ! mon Dieu, mon brave monsieur Schérer, pourquoi n’avez-vous pas mis l’habit noir qu’on vous avait envoyé ?

— C’était trop étroit, je n’ai pas pu.

— Mais au moins le chapeau, la culotte ?

— C’était une culotte de jeune homme avec des courroies sous les deux pieds, et madame n’est pas sans savoir que je n’en ai qu’un. Pour ce qui est du chapeau, il est incompatible avec la capote d’uniforme, vu qu’il est rond, et que les enfants des rues m’auraient insulté. Mais il paraît que ça n’a rien empêché. Monsieur le maire a paru content.

— Oui, oui, certainement, ce qui est fait est fait. Ces dames vous remercient bien. Tenez, monsieur Schérer,