Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on demanda l’auteur. H… se retira modestement et un homme en habit noir vint le proclamer ; cet auteur était encore H… ; H… acteur et auteur, héros et poète ! Les acclamations redoublèrent, une pluie de bouquets et de guirlandes de toute espèce tomba sur le théâtre, pluie bien différente de celle qu’avait vue autrefois Clémence, une rosée au lieu d’un orage.

On jouait une farce après la grande pièce, les deux dames étaient restées à caqueter au fond de la loge ; la porte s’ouvrit et H… parut. Il s’avança en souriant et s’annonça lui-même au vieillard confus ; Clémence palpitait et baissait les yeux ; il avait à peine fait un signe de tête aux deux dames ; elles virent qu’elles le gênaient, qu’il s’occupait tout entier de ces petites gens ; elles s’en allèrent outrées.

H…, alors, se répandit en mille phrases affectueuses ; il demanda à M. Sorel s’il ne le reconnaissait pas, et s’il ne se souvenait pas d’un petit comédien, qu’il avait un jour mis à la porte. Le vieillard se confondit en réparations, Clémence souffrait aussi, mais H… les remit par le récit de ses démarches déjà faites ; il avait pris des informations dès qu’il avait vu le nom écrit sur cet heureux billet de visite qu’on lui avait remis trop tard. Il savait les malheurs de M. Sorel, et tes terminait d’un coup en lui offrant une place de chef de bureau, qu’il venait d’obtenir pour lui dans une administration théâtrale, et dont il lui remit à l’instant le brevet. M. Sorel était stupéfait, Clémence devinait seule le motif de tant de zèle et de générosité.

H…, en causant, s’était assis sur le devant de la loge, à côté de Clémence ; mais à peine l’eut-on vu dans la salle,