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leur semblait bon. Elles disaient aussi H… tout court. Clémence ne perdait pas une parole et les examinait à la dérobée ; Elles jetèrent un coup d’œil sur son père et sur elle, et les voyant en médiocre équipage, ne s’en mirent que plus à l’aise. « Eh bien ! ma chère, que dites-vous du succès ? — H… doit être content. — Il est à ravir là-dedans. J’en suis charmée pour lui. — Quel dommage que les hommes de ce talent soient si singuliers ? il faut toujours une tache au soleil. — Que dit-on de H… ? — Oh ! ma chère, il est d’une brusquerie, d’un farouche… — Mais pas tant, ma chère, on le dit fort bien maintenant avec mademoiselle de B… — Qui donc a dit cela ? — Je le tiens de bonne part. — Et moi, je sais que non, et que, s’il devait s’attacher à quelqu’un, ce ne serait point à mademoiselle de B… Je connais l’histoire de H…, moi. Ni mademoiselle de B…, ni d’autres n’en viendront à bout ; il les a parfaitement rembarrées ; il a aimé, étant jeune, quand il courait le monde ; une passion contrariée ; du roman ; pour une petite fille qu’il voyait à sa fenêtre, dans une petite ville, en Gascogne, je ne sais où, et cette femme il y pense toujours, il l’aime encore, il en a parlé souvent.

Clémence, toute tremblante, ne songeait pas que son père pouvait entendre aussi cette conversation ; elle était si ravie et si occupée, qu’à ce prix même elle n’en eût pas voulu perdre un mot pour le distraire. Heureusement le bonhomme était tout aux merveilles de la salle et de l’assemblée.

La pièce s’acheva dans des transports inusités. C’était un triomphe mémorable. On demanda l’acteur, H… parut dans son beau costume, salua par trois fois la foule ; alors