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Les premiers vers firent courir un murmure d’admiration. L’intrigue se posait vite et heureusement. On annonçait le héros : le héros parut. Il fut accueilli par une longue salve d’applaudissements. Clémence se pencha et respirait à peine. Les applaudissements cessèrent ; l’acteur commença d’une voix grave et sonore. Elle reconnut Collinet ! Collinet pâle et beau, superbement drapé de velours noir et déclamant un rôle noble devant le meilleur public du royaume. L’acte finit au milieu d’éloges passionnés qui couraient partout.

Clémence demeurait noyée d’émotions délicieuses ; son père lui parlait, elle ne répondait pas ; le ravissement, la surprise, l’enthousiasme, lui ôtaient la pensée et la parole : cet homme, l’idole de la foule, cet homme si célèbre et si élevé, cet inconnu qu’elle avait vu si souvent de sa terrasse, cet homme qu’elle aimait enfin, il leur avait écrit, elle allait le revoir ! La Providence l’avait jetée dans ses mains au sein de tant de gloire et de renommée, quelle merveille !

Le rideau se releva et l’action se renoua pompeusement. Clémence éblouie regardait Collinet de tous ses yeux ; elle entendait ces bruits d’applaudissements, elle voyait passer ces autres personnages magiques, et elle ne comprenait rien à tout cela, sinon que c’était un admirable rêve.

Dans l’entr’acte, deux dames fort parées entrèrent dans la loge d’un air dégagé ; la loge était vaste, mais M. Sorel et Clémence se rangèrent avec timidité. Au surplus ces dames se hâtèrent de les mettre au fait en affectant de causer entre elles des bonnes dispositions de M. H… à leur égard, et de la liberté qu’elles avaient d’user de sa loge toutes les fois qu’il