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qu’il entendit gronder une voix fâchée. Le maître du logis se plaignait « que les gens de cet endroit l’obsédaient ; qu’ils ne venaient que par lâcheté et bassesse ; qu’il ne ferait jamais rien pour eux. » Ces mots arrivaient entrecoupés, à travers la porte.

Le valet revint, et répondit sèchement que monsieur n’était pas visible, mais que si l’on voulait laisser son nom, on le lui dirait. M. Sorel, humilié et tremblant, tira une carte de sa poche sans savoir ce qu’il faisait, et s’en alla très-vite.

Le lendemain, Pelletier le vint voir, et le trouva lui et sa fille dans les larmes. Ce dernier affront était surtout sensible au vieillard, et d’autant mieux qu’il aurait pu se l’épargner. Il en gardait, malgré lui, rancune à Pelletier, et lui reprochait ses instances et le beau résultat qui en était sorti. Pelletier s’étonna d’abord, et se rejeta sur ce que M. H… devait être fort occupé, en ce moment surtout où l’on allait jouer une de ses pièces. « Car il fait aussi des pièces, ajouta-t-il, et qui ont de grands succès. »

Comme on parlait encore de cela, un grand laquais qu’on avait vu rôder le matin dans l’es environs, et que M. Sorel crut reconnaître, entra et lui remit une lettre. Elle était de M. H…, pleine d’excuses et d’empressement. Il n’avait su que trop tard qui il avait eu l’honneur de recevoir ; il espérait pouvoir être utile à M. Sorel dans des circonstances dont il s’était, disait-il, déjà informé ; qu’au reste ils en causeraient, et qu’il serait trop heureux de pouvoir le servir. En attendant, il le priait d’accepter, lui et sa fille qui ne serait pas fâchée de connaître les théâtres de Paris, une loge pour un spectacle du lendemain, la-