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assez bonne, par parenthèse. Ce n’était alors qu’un méchant cabotin. J’ai été bien surpris de le retrouver en si bonne posture. Ma foi, il a bien fait son chemin ; c’est une puissance à cette heure, il vit comme un prince, en grand renom, et gagne gros comme lui. Il fait bien un peu le fier, il refuse de nous voir, nous autres qui, dans ce temps-là, lui donnions des gourmades ; mais il vous accueillera parfaitement, j’en suis sûr. Vous n’aurez qu’à dire votre nom et vous annoncer comme venant de chez nous. Il vous cherchera quelque bon emploi ; et pour Clémence, la musique, le piano, cela le regarde ; s’il le veut, vous êtes sauvés ; essayez, qu’est-ce qu’il en coûte ? »

M. Sorel fit quelques représentations ; mais Pelletier appuya si bien, et la situation était si pressante, qu’il se résolut à prendre l’adresse de M. H… c’était le nom du comédien.

Il conta le tout à sa fille en rentrant, et la consulta là-dessus. À ce mot de comédien qui avait habité leur ville, Clémence s’anima et demanda le nom. « M. H…, » répondit le père.

Le troisième jour, après bien des débats, M. Sorel se décida à cette démarche.

M. H… demeurait dans une fort belle maison du quartier d’Antin ; un valet reçut le vieillard dans l’antichambre. Celui-ci ne concevait pas qu’un comédien étalât tant de faste, et commençait à prendre haute idée du personnage. Il n’osa point dire son nom, le jugeant bien inutile, et fit annoncer quelqu’un qui arrivait de P…, comme le lui avait recommandé Pelletier.

À peine ces mots furent-ils portés dans le salon voisin,