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— Ah ! ma chère, ce malheureux homme qui n’a pas pris son chapeau rond !

— Ni l’habit noir, dit l’autre ; vous voyez bien qu’il porte sa redingote ordinaire, qui le fera reconnaître pour ce qu’il est.

Le commis, en voyant défiler ces personnages, reprit sa plume qu’il avait l’habitude d’engager derrière l’oreille, et dit au compagnon qui travaillait de l’autre côté de la table :

— S’il y a des enterrements qui ressemblent à des noces, voilà une noce qui ressemble à un enterrement.

La noce dont il parlait parut devant l’estrade municipale. Cette cérémonie est ordinairement assez courte, mais cette fois on la menait encore plus vite que de coutume. L’adjoint, peut-être même c’était le maire, marmotta le peu de paroles qui suffisent, aux yeux de la loi, pour allumer tant de discordes entre deux personnes de différent sexe.

Schérer, interrogé s’il consentait à prendre pour son épouse légitime Cécile-Wilhelmine-Juanita Fressurey, fille de Jean-Claude Fressurey, décédé, et de Joséphine-Marthe Quinebaux, ici présente, répondit oui, comme il aurait crié qui vive aux avant-postes. Mais quand on questionna Cécile Fressurey sur sa libre intention d’épouser le sieur Guillaume Schérer, la future épouse poussa sous son voile noir un gémissement que le magistrat voulut bien prendre pour une affirmation ; cela fait, il fallut signer sur les registres.

Après l’acte de mariage, il ne restait plus qu’une petite cérémonie qui fut promptement dépêchée dans le même