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de poing son chapeau sur la nuque. Collinet demeura étourdi. « Bon ! voilà le vrai chapeau de Jocrisse. À présent seulement vous avez l’air vraiment niais : et puis, qu’est ce que ce col qui s’étale ? laissez un peu que… » Collinet se recula cette fois, et se défendit obstinément en bégayant quelques objections. Mais le régisseur tint bon, et, malgré qu’il en eût, lui dépouilla le cou dans toute sa longueur. « À la bonne heure. Vous serez plus long, plus maigre, plus difforme. Cela vous sied mieux cent fois. Vous étiez horrible ! »

Collinet, blême sous le rouge, n’avait plus la force ; de se défendre, et demeurait comme un patient, entre les mains du régisseur. Les comédiennes, en train de se moucheter, étaient là qui approuvaient. La cheminée était encombrée de pots de blanc, de fard, de boîtes, de pommades ; le régisseur y jeta un coup d’œil par malheur : « Et quel visage ! Vous n’êtes pas grimé ; vous avez tout simplement l’air d’un garçon bien portant ; c’est ridicule ; vous n’avez ni rides, ni bleu, ni verrues ; vous êtes fou ! Il y a là ce qu’il fallait, attendez… — Non pas, dit Collinet. — Mais si ! — Mais non ! — Il faut… — Je ne veux point ! — Laissez faire. — Un moment ! — C’est fort ! — Je ne dois… — Allons donc !… » Collinet n’avait pas fermé la bouche qu’il reçut un plâtras de blanc de plomb sur les joues. « Je ne vous comprends pas, s’écriait le régisseur hors de lui ; et du bleu ! et du blanc ! et les sourcils ! et les verrues ! et ce coup par ici, et puis ce trait par-là ! » En un clin d’œil, et sans qu’il pût parer, le régisseur lui barbouilla le visage comme une devanture de boutique, et plus horriblement qu’il n’était besoin. « Voilà qui est