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— Vous n’êtes pas si pressé, dit l’employé ; mais comment diable se fait-il ? On n’épouse pas une femme sans la connaître.

— C’est ce qui vous trompe. Je vous réitère que c’est une personne d’âge qui m’a procuré cet emploi, pour me rendre service, et aux autres de même.

— Vous connaissez cette personne ?

— Elle ne peut pas se flatter que je l’aie jamais vue. Sinon qu’un soir, en rentrant à l’Hôtel, j’entends quelqu’un qui m’appelle par mon nom. Je me retourne. Je vois une femme d’âge qui avait des plumes, du reste pas mal mise ; elle me dit ma division, mes anciens régiments et tout en général ; elle me parle de cette affaire. J’y ai vu mon avantage, et voilà.

— Quelle affaire ? dit le commis.

— Je me fais donc mal comprendre. C’est donc une jeune fille qui se trouve dans une position délicate : pour lors, on a senti que j’étais un homme susceptible de la tirer d’embarras, ce qui prouve encore qu’on jouit, quoique infirme, d’une bonne réputation, malgré les propos qu’ont lâchés les intrigants de l’Hôtel sur ce que je manquais de conduite. C’est un service qu’on vous demande, m’a dit madame… madame… je ne me rappelle plus son nom. C’est une femme âgée ; et comme elle dit, vu qu’une honnêteté en vaut une autre, et que, dans le mariage, on se doit secours et protection réciproquement, vous recevrez-vingt francs par mois, votre vie durant, pour vous acheter du tabac ou autres petites douceurs, n’importe pas ; en reconnaissance de quoi il m’est expressément défendu de me mêler de la maison, vu que je ne sais pas même où