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mon compte… je commence… Aussitôt, les uns partent d’un rire amer, d’autres s’indignent, puis tout à coup : C’est un espion ! c’est un suppôt de la police ! s’écria-t-on de toutes parts, qu’on l’arrête, qu’on le pende ! On me saisit au collet, on me houspille… Oui, mon ami, voilà comment les disciples d’Esculape veillent sur leur trésor d’antiques erreurs, et comment de coupables empiriques en font des fanatiques, de vrais séides… Pendant qu’un grand bruit s’élève de l’autre bout de la place, un généreux inconnu me prend par la main et m’entraîne dans l’allée d’une maison : — Il faut que vous soyez bien imprudent, me dit-il. Je remercie ce charitable libérateur. — D’après quels ordres agissez-vous ? reprend-il. — D’après les miens, lui dis-je. — C’est fort imprudent, dit-il encore en me regardant fixement, mais vous pouvez me dire vos secrets ? Je lui réponds : — Monsieur, vous m’avez rendu un grand service, mais je ne crois pas que la reconnaissance m’oblige… Il tire alors une carte de sa poche ; je le presse de questions et j’obtiens la certitude que ce malheureux est attaché à la police et qu’il s’agit d’une nouvelle manœuvre pour m’extorquer la propriété de mes découvertes. Des coups de feu retentissent : le traître démasqué prend la fuite, je me retire de mon côté ; mais, mal orienté dans les rues de la capitale, je m’égare… Depuis ce moment, j’erre dans Paris, tombant d’un danger dans un pire, échappant vingt fois à la mort par miracle, tantôt jeté devant les troupes du gouvernement, tantôt au milieu des combattants civils… Heureusement personne ne m’a reconnu…

Mon père, que la compassion tenait suspendu, ne put se