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couvrir un moyen sûr de faire tomber la pluie où et quand il voudrait.

Il voulut bien, pour ajouter du poids à ses premières paroles, entrer dans quelques explications :

— Monsieur un tel, je suppose, dit-il tranquillement, propriétaire d’une métairie considérable, voit sa récolte sécher sur pied faute d’eau ; on lui parle de moi, il vient me trouver : — Monsieur Thibault, je suis ruiné, j’ai besoin de pluie. — C’est bien, monsieur… Il m’instruit des besoins de sa terre, je le sers comme il le demande, et il me compte une somme convenue. Vous concevez, mes enfants, que cette découverte en vaut la peine ; je dois m’entendre là-dessus avec le gouvernement, et voilà pourquoi je suis obligé d’aller à Paris.

Pour dissiper les derniers doutes que laissaient voir ses pauvres filles, il ajouta qu’il présenterait par la même occasion, à la Faculté de médecine, trois ou quatre inventions curatives qu’elles connaissaient bien et dont le succès était sûr, notamment un onguent dont la seule approche extirpait la racine des cors aux pieds, et une poudre contre la coqueluche.

Bref et persuasif comme il savait l’être avec ses enfants, cet entretien suffit à Thibault dans son intérieur ; mais pour les préparatifs de son voyage, qui était chose sérieuse, il se vit contraint de communiquer son dessein à diverses personnes. On l’écouta sur ceci comme sur le reste. Les plus raisonnables essayèrent de le dissuader ; beaucoup pensèrent qu’il pouvait avoir raison et faire fortune, puisqu’il prenait une si grande résolution. Un de ses vieux amis l’écoutant un jour avec un sérieux perfide,