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marqué sur le plancher par un coup sourd comme ceux qu’on frappe au théâtre pour annoncer le lever du rideau. L’invalide ôta son chapeau fraîchement retapé, et promena son regard trouble sur la compagnie pour démêler l’individu auquel il lui convenait de s’adresser.

— Ah ! ah ! c’est vous, père Schérer, dit le premier commis.

— Comme vous dites, bégaya l’invalide en se retournant péniblement ; me voilà. Schérer est bien mon nom. Votre serviteur.

— Il y a longtemps qu’on ne vous a vu par ici. Que demandez-vous ?

— Vous êtes bien honnête. Sans vous commander, vu que la circonstance l’exige, je prendrai la liberté de vous communiquer comme quoi j’ai le plus grand besoin de papiers.

— Des papiers ?

— Oui, il me faut mes papiers ; comme vous n’êtes pas sans savoir que toute personne dans sa vie, par occasion ou n’importe, peut se trouver dans le cas d’avoir besoin de papiers.

— Quels papiers ?

— Vous pensez bien que je n’aurai pas la malhonnêteté d’en remontrer à un homme instruit comme vous, qui sait ça mieux que moi, étant payé pour ça. Vous n’êtes pas sans savoir les choses qui sont exigées par le gouvernement, vu que vous êtes un homme en place. Je suis incapable de vous faire affront.

— Qui est-ce qui vous demande ces papiers ?

— Des papiers marquant comme quoi j’ai un lieu de