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mosphériques. En huit jours, il eut produit un système d’ailes en manière de cerf-volant, qui n’attendait plus qu’un amateur zélé pour se précipiter dans l’espace du haut du plus grand clocher de la ville. La difficulté de trouver un homme de bonne volonté arrêta l’essai de la machine.

Pour ajouter un dernier trait qui me vient à l’esprit, Thibault, propriétaire d’une maison dans la ville, résolut d’y ajouter, à peu de frais, les agréments d’une maison des champs. Ce qu’il raconta là-dessus ne trouva que des moqueurs. Thibault fait dûment carreler le grenier de sa maison, il enlève les châssis des fenêtres ; on lui apporte deux tombereaux de terre végétale, qu’il verse sur le carreau, il y fait des plantations et lâche des poules. Quelque temps après, il appelle un voisin, qui demeure pantois en trouvant une basse-cour sous les combles.

On peut juger qu’au milieu de ces récits et du rire qu’ils excitaient, nous interrompions souvent mon père pour lui persuader que son parent était fou à lier.

— Non pas, s’écriait-il, hors de là Thibault était l’homme le plus sensé, le plus honnête, le plus délicat en toute manière que j’aie jamais connu ; il était fort au-dessus de la jeunesse de la ville à cette époque. Je devrais insister sur le caractère de ce temps que vous n’avez pas vu. Nous étions en pleine révolution, vers 94 et 95. — La fièvre révolutionnaire s’était combinée avec je ne sais quel enthousiasme romanesque qui nous était venu d’Allemagne. On lisait beaucoup de romans dans le goût de Werther. Lamartellière avait fait une détestable copie du mauvais original des brigands de Schiller ; et nous avions joué, entre