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femme coquette. J’avais mis toute ma satisfaction, toutes mes espérances dans l’opinion du monde et dans les jouissances de la vanité. Jugez, mon ami, de ce que je dus souffrir. Ah ! que nous sommes coupables !… Je ne vous dirai pas mes angoisses. Tous ces souvenirs, heureusement, sont un peu effacés dans mon esprit. Cela doit être terrible. C’est une chose étrange que la misère de certaines douleurs quand elles sont loin de nous, et que leur violence quand on les endure. Je ne pouvais paraître dans un lieu public, que ma femme, par sa contenance et par ses regards provocateurs, n’attirât tous les yeux sur elle. Nous ne pouvions sortir sans être suivis de tous ces mendiants de libertinage, dont les rues des capitales ne manquent pas, et qu’elle encourageait. J’avais volontairement sacrifié ma liberté à une femme, je m’étais marié, et cette femme, tout aussitôt, se moquait de moi ! Quelles risées pour mes amis et pour le monde ! Ma femme, d’un coup d’œil, apprenait ma honte à toute une assemblée. Il n’était personne dans la foule à qui elle ne donnât ainsi le droit de me mépriser ; et cet affront ne cessait pas, toujours un fer rouge me brûlait le front à ses côtés. Je ne vous dirai point non plus toutes les inconséquences de ce caractère… les caprices de cette femme, ses récriminations, nos querelles, ses mensonges, ses mépris. Quand je me sentis lié par cette chaîne indissoluble, je fis d’abord quelques efforts terribles, comme ces bêtes sauvages qu’on prend au piège, puis je tombai dans un calme farouche.


Ici l’ermite fit une pause, puis il reprit son espèce de monologue, tourné vers le feu, en sorte que je ne voyais