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dévotions. Il s’interrompit de lui-même pour me demander si je me trouvais mieux, et puis si j’étais protestant ou catholique.

— Catholique, mon père, dis-je avec effusion.

— En ce cas, si vous le voulez bien, nous ferons notre prière ensemble. Joseph a dit son pater, j’en suis sûr ; c’est un brave garçon.

Le père Henri se mit à genoux, et je fis de même. Il prononçait le latin comme un homme qui l’entend. Il me dit ensuite :

— Vous n’avez pas sommeil ?

En effet, il était à peine huit heures, et je n’aurais pu dormir.

— Je me couche aussi bien plus tard ; je vous tiendrai compagnie.

L’ermite semblait avoir pris quelque confiance en moi. Sa voix était plus affectueuse ; il se tournait à moitié vers moi quand il m’adressait la parole, mais je ne distinguais sous son capuce que l’éclat humide des yeux. Je lui parlai, faute de mieux, de la tranquillité de son genre de vie, et j’en fis la comparaison avec l’existence sans doute bien inquiète et bien agitée des étrangers qu’il voyait passer dans sa montagne.

— Je n’en vois plus guère, je suis bien vieux, je vais bientôt mourir.

Je continuai à le féliciter avec une certaine chaleur sur cette existence calme et pieuse. Le moine ne me répondait que par des soupirs ; un moment je crus qu’il s’endormait. Il se tourna tout à coup avec une sorte de vivacité.

— Voilà les jeunes gens, voilà l’homme aussi. Ils sont