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trois pierres qui servaient de degrés à l’habitation. C’était un chalet un peu mieux planchéyé que ceux qui ne servent qu’aux bestiaux. L’ermite jeta aussitôt une brassée de vieux bois dans l’âtre, et le guide me présenta une gourde en me disant :

— Allons, il faudra coucher ici ; vous nous donnerez bien à souper, père Henri ?

— Je n’ai que du lait à votre service, et du fromage et du pain… et du bien bon vin pour des occasions semblables à celles-ci.

— Oh ! oh ! oh ! c’est plus qu’il n’en faut, père Henri.

L’ermite disparut comme pour aller chercher ce qu’il avait dit. En un clin d’œil le guide avait battu le briquet et allumé le petit bois. Une grande flamme jaillit au milieu d’une épaisse fumée. J’étais déjà remis.

— Où est le mulet ? demandai-je.

— Là derrière, il est bien aussi, lui, et pas fâché de ça. Nous avons parti un peu tard.

— Pauvre homme ! nous lui causons bien de l’embarras.

Le guide saisit parfaitement ma brusque transition.

— Père Henri ! il est fait pour ça, autrefois c’était son métier ; mais je croyais qu’il ne descendait plus ; il est si vieux.

— Qu’est-ce que c’est que ce digne homme ?

— Père Henri ?… eh bien ?… ce qu’il fait ?… c’est père Henri, quoi… c’est lui qui demeure dans l’ermitage.

— Depuis longtemps ?

— Ah ! pour ça oui ; mon père l’a toujours connu, moi aussi.