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L’ERMITE DE LA TÊTE-NOIRE


Je crois, mon cher ami, que je n’aurai rien de plus curieux à te raconter durant tout mon voyage, que le trait suivant : je suis venu en Italie, comme tu sais, par le Valais et le Simplon, me détournant de ma route pour visiter le Mont-Blanc et la vallée de Chamounix. Tu trouveras partout des relations de ce voyage. J’entrai dans la Savoie par le col de Balme, et je résolus d’en sortir par la Tête-Noire, deux passages aussi différents que curieux. Je te fais grâce de mon séjour à Chamounix ; mon histoire brûle ma plume. Tu en jugeras par la longueur de l’épître et mon empressement à profiter du premier loisir et de l’auberge la plus commode que j’aie encore rencontrée, pour te la dire avant tout chose.

Je ne sais comment il se fit que nous partîmes si tard de Chamounix, ce ne fut point la faute du guide, qui m’amena mon mulet à l’auberge dès sept heures du matin. J’avais à terminer un croquis à quelques pas du village, je m’égarai en revenant ; je refis mon sac à l’auberge, je