était dur d’accepter ce résultat, et le sentiment naturel de chacun devait y répugner. On conçoit donc que cette solution ait soulevé de vives résistances ; le tort qu’on eut fut d’accepter la question ; il est évident que du point de vue moral et pratique elle ne peut même être posée. Il est vrai que nous n’entendons pas la morale exactement comme les philosophes allemands ; ainsi que nous le verrons plus tard, la morale a un sens bien vague pour eux ; c’est une manière d’agir conforme à la raison, et dont l’expression est dans les mœurs. Pour nous la morale c’est l’ensemble des préceptes sur lesquels nous devons régler notre conduite, c’est avant tout une loi qui nous oblige. Or il est impossible de concevoir une obligation sans admettre au moins deux êtres, l’un qui doit l’obligation, l’autre à qui elle est due ; une obligation envers soi-même est un non-sens, et si la morale comprend des devoirs envers nous-mêmes, c’est que ces devoirs nous sont imposés par Dieu. Il suffit donc d’accepter la morale comme obligatoire, de concevoir qu’elle est une loi, pour être forcé de reconnaître l’existence d’un législateur placé hors de nous. Si, comme le veut l’école allemande, on en fait une manière d’agir, on la pose inhérente à notre raison même ; elle cesse d’être loi morale, elle devient une loi fatale et nécessaire, une impulsion pour ainsi dire physique ; mais ceci n’est possible qu’en théorie. De fait, la morale est toujours
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