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complète, à un état où l’esprit ne se détermine que par lui-même, par le sentiment de sa liberté et indépendamment de toutes les impulsions étrangères. Or, suivant lui, c’est là un idéal placé à l’infini et qui suppose une vie infinie ; et comme la nature est indépendante et que le bien suprême suppose nécessairement l’harmonie entre la vertu qui est de l’homme et le bonheur dont les conditions sont dans la nature, il faut pour établir cette harmonie un être qui soit en même temps cause de la nature et de l’homme, Dieu. Ces affirmations du système pratique étaient bien faibles à côté des négations de la théorie critique ; les résultats étaient absolument contradictoires ; et du point de vue philosophique, la raison du logicien devait prévaloir sur les convictions de l’honnête homme. Nous aussi nous croyons que l’ontologie peut être déduite de la morale ; mais c’est en commençant par la morale, et non après l’avoir rendue impossible en ruinant la logique au profit du moi.

Le défaut du système de Kant, et, à sa suite, de toute la philosophie allemande, réside dans le point de départ même. C’est parce qu’on a supposé que la conscience de soi-même était un fait primitif, universel et absolu, un fait qui ne manque dans aucun homme, et qui emporte toujours sa certitude avec lui, c’est à cause de cette supposition, si bien en rapport avec le dogme fondamental du protestantisme, la suprématie