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un être qui ne soit pas une subdivision d’un autre être, l’Être des êtres. À la première correspond l’idée du sujet pensant, de la substance une et immatérielle ; à la seconde, celle de l’ensemble de tous les phénomènes, du monde ; à la troisième, celle de l’Être absolu, de Dieu.

Or, ces idées sont aussi subjectives que les intuitions sensibles et les notions métaphysiques. Elles sont le produit de sophismes nécessaires, le résultat de la loi imposée à la raison de s’élever à des conditions de plus en plus hautes. Il est impossible d’affirmer la réalité objective de l’unité de l’âme, de la création du monde et de l’existence de Dieu.

Telle fuit la méthode par laquelle Kant entreprit de renverser les fondements de la logique humaine. Le moi servit de point de départ ; toute la déduction roula sur le moi ; le moi se retrouve à la fin, posé seul en face de lui-même, après avoir détruit son unité, Dieu et le monde. Chacun était en droit de conclure de ce système qu’il n’était d autre certitude que celle de son existence et de sa raison personnelle. Le sentiment qui avait guidé les maîtres du protestantisme était élaboré théoriquement.

Kant essaya, il est vrai, de reconstruire les idées de Dieu et de l’immortalité de l’âme sur des bases morales ; mais combien son édifice est peu solide ! Le but que, suivant lui, la morale propose à l’homme, c’est d’arriver à une liberté