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cogito, ergo sum, le commencement de la philosophie ; mais malgré sa prétention de faire table rase, il n’avait renoncé ni au langage ni aux notions métaphysiques qui lui sont inhérentes. Dans l’idée du moi il voyait celle de l’être et de la pensée, et il ne s’en servait que pour passer immédiatement à l’idée de Dieu, la véritable base de sa philosophie. La formule première de Descartes était protestante, mais le sentiment qui la développa fut tout catholique. Kant raisonna plus rigoureusement ; il s’est dit : J’existe et je pense ; donc je ne puis connaître que mon existence et ma pensée.

Le système de Kant est assez connu en France pour que nous puissions nous dispenser d’une exposition détaillée ; il suffira d’en rappeler les conclusions générales.

Kant reconnut qu’il existe des idées a priori, des idées générales et nécessaires, qui ne peuvent être fournies par l’expérience ; mais il voulut démontrer que ces idées n’étaient que des formes, des conditions de la pensée, et qu’elles ne prouvaient rien quant aux objets extérieurs. Il tenta, à l’égard de la métaphysique, ce que Copernic avait tenté avec succès à l’égard du système du monde. De même que celui-ci avait prouvé que c’était nous qui tournions au lieu du ciel, Kant essaya de démontrer que c’étaient les propriétés de notre propre esprit que nous attribuions aux objets extérieurs. Toutes nos idées a