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munes nous en offrent un autre, parfaitement approprié au but que nous voulons atteindre ?

Ce terrain est celui de la morale. La morale chrétienne, en effet, l’ensemble des règles pratiques de l’Évangile, n’est mise en doute par personne, pas même par ceux qui ne la croient pas révélée et qui veulent la reconstruire au nom de la raison ; elle est le point commun où se rencontrent les opinions les plus divergentes, elle est la base inébranlable que nul n’ose attaquer. Les masses ne fondent leurs jugements que sur elle, et c’est à cause de la certitude profonde qu’elles y puisent que la voix du peuple a été appelée la voix de Dieu. Ce critérium du peuple sera le nôtre ; il sera pour nous le principe premier, admis sans preuve, au nom duquel nous examinerons la philosophie allemande. Il peut paraître étrange que nous jugions des questions métaphysiques au nom de la morale ; il serait bien plus étrange encore que la morale fût indifférente aux notions sur Dieu, sur le libre arbitre, sur l’immortalité de l’âme. Or, si dans cet ordre de connaissances la morale est d’un poids décisif, comment serait-elle sans rapport aux notions plus abstraites de causalité, de substance, d’infini, etc., qui servent de fondement aux premières ? Tout ce qui peut être ramené directement ou indirectement à la morale tombe sous sa compétence, et nous aurons l’occasion de faire voir qu’il n’est pas une seule des questions importantes de