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PRINCIPES GÉNÉRAUX

Par les mêmes procédés : tableau, dessin, gravure, photographie, etc.

4° Les écrits (Biblion). On distingue qu’ils sont ou relatifs directement à la réalité ou bien relatifs à une image, et alors ils sont : a) ou relatifs à une reproduction de la réalité, soit tableau, dessin, gravure, photographie, sculpture ; b) ou relatifs à une reproduction d’une reproduction faite à son tour par tableau, dessin, gravure, photographie ou sculpture.

c) Les réalités, les images, les écrits peuvent, les uns comme les autres, donner lieu : 1° à des collections soit particulières soit universelles ; 2° au catalogue de ces collections particulières, soit le catalogue universel.

d) Le répertoire des éléments de la réalité (Réalia) est un inventaire des choses, êtres et phénomènes, au point de vue de la chose elle-même, du lieu et du temps, dans les trois séries.

e) Le musée est une collection d’objets réels.

f) Dans les organismes documentaires, on peut procéder de deux manières : 1° ou bien on constitue en services distincts les collections de choses réelles, les diverses formes de reproduction, les diverses formes d’écrit, soit les catalogues et les répertoires selon les diverses formes de reproduction. 2° On peut au contraire combiner en une série unique plusieurs collections, catalogues ou répertoires qu’il serait possible en principe de distinguer.

g) On peut opérer les classements des diverses collections et de leurs catalogues ou des répertoires en prenant des bases différentes pour les unes et pour les autres, de façon à permettre des recherches à plusieurs entrées.

Le tableau général suivant résume toutes ces distinctions.

1. Réalité.

2. Reproduction de la réalité.

3. Écrit sur une reproduction de la réalité.
1. Choses elles-mêmes.
2. La mention de chose dans la classification.
3. Le catalogue général inventoriant les choses en elles-mêmes ou appartenant à des collections déterminées.
4. Le catalogue (général ou particulier) de documents relatifs aux choses.
1. Auteur de l’original.

2. Auteur de la reproduction.
411.2 La Documentation.

Par documentation on entendra à la fois l’ensemble des documents et la fonction de documenter, c’est-à-dire d’informer à l’aide de documentation. Il a été traité de ce point dans la partie I.

411.3 Le problème.

Il y a un problème central à la Documentation comme à toutes les disciplines. Par le fait que le Document est non pas une donnée naturelle mais bien une œuvre dépendante de la volonté humaine, ce problème est de l’ordre de l’action et de son progrès. Comme tous les problèmes d’ordre pratique il ne peut être résolu que progressivement et par approximation successive. La solution dépend de bonnes méthodes, de coopération dans le travail, d’organisation dans les efforts. Le problème se pose en deux parties : quant à l’établissement du livre et du document ; quant à leur utilisation.

1. Quant à l’établissement du livre et du document.

a) On distingue : 1° Les Livres, dans leur ensemble, ont pour fin la transcription des connaissances scientifiques ; 2° La Science a pour but la connaissance de la réalité ; 3° La Réalité est l’ensemble des choses corporelles qui existent (monde ou univers).

b) Le but idéal assigné est : pour la Science qu’elle soit complète et parfaite et couvre intégralement le champ de la réalité ; 2° pour les Livres, qu’ils soient complets et parfaits et couvrent intégralement le champ de la science. Les livres devraient donc être les « miroirs » de la réalité.

c) Critique de l’étal actuel : 1° quant à la science : a) la science actuelle est incomplète en ce que les connaissances ne couvrent qu’une partie du champ de la réalité (inachèvement de la science) ; b) la science actuelle ne comprend pas que des vérités (erreurs de la science).

2° Quant aux livres : a) les livres ne transcrivent qu’une partie des données scientifiques et par conséquent qu’une partie de la science (inachèvement des livres) ; b) ils transcrivent nos connaissances fausses comme nos connaissances vraies (erreurs des livres) ; c) ils transcrivent plusieurs fois les mêmes connaissances (répétitions) ; d) ils ne rassemblent pas les exposés des connaissances en quelques ouvrages, mais les divisent et les éparpillent en d’innombrables volumes (fragmentation et dispersion) ; e) ils ne coordonnent pas les faits exposés suivant leur degré d’importance et d’utilité (mélange du principal et du secondaire).

d) Le problème de l’établissement du livre est donc double : 1° rendre possible la transcription de l’intégralité de nos connaissances ; 2° permettre d’extraire de la masse innombrable des livres les connaissances vraies, en écartant les erreurs et les répétitions et en les ordonnant de manière à les sérier et à dégager le principal de l’accessoire.

Deux comparaisons éclairent le problème : il faut mettre de l’ordre dans les « montagnes » de papiers et de documents ; il faut créer une « métallurgie » du papier, faire