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LE LIVRE ET LE DOCUMENT

tique, François Ier créa la Bibliothèque Royale de Fontainebleau qui fut transférée à Paris et devint la Bibliothèque Nationale. Elle grandit sous Louis XIV et Colbert. À la Révolution et sous Napoléon, on y déversa les collections venues des couvents ou formant butin de guerre. Elle a maintenant plus de 4 millions de volumes, 125,000 manuscrits et 300,000 gravures.

La Mazarine, l’Arsenal, la Bibliothèque Ste Geneviève, la Bibliothèque de la Sorbonne, sont toutes quatre de première importance. Une multitude de bibliothèques scientifique, artistique, historique, sociale dépendent des Universités, des administrations, des villes.

La bibliothèque publique en France est en retard.

La plupart des institutions qui portent le nom de bibliothèque, ne sont pas des bibliothèques publiques au point de vue moderne. Elle ne répondent que bien imparfaitement aux besoins de la communauté. Elles sont incomplètes ; ce sont, fréquemment, des salles petites, mal tenues, pauvrement éclairées, avec des rayons resserrés, montant jusqu’au plafond ; le public ne peut faire choix d’un livre qu’en consultant un mauvais catalogue déchiré, souvent périmé, qu’on doit feuilleter hâtivement sur un pupitre à l’entrée de la salle. Les bibliothécaires sont généralement des personnes qui n’ont reçu aucun enseignement professionnel et qui sont si surchargées de travail et si occupées par leur carrière véritable, qu’elles ne sauraient montrer envers la Bibliothèque que peu d’activité et peu d’intérêt (Jessie-Carson).

g) Allemagne. — Les grandes bibliothèques font celles de Berlin, Munich, Dresde, Göttingen. Heidelberg, Leipzig, Tubingen. Beaucoup de bibliothèques d’associations scientifiques. Un système excellent de prêts entre bibliothèques. Une grande expansion de bibliothèques populaires. Dans le domaine technique, un grand développement a été réalisé par la Bibliothèque des Ingénieurs allemands, celle du Patentamt, celle du « Deutschen Museum de Berlin », la Deutsche Bücherei à Leipzig.

h) Italie. — Elle a de magnifiques collections de livres. Elle eut des collectionneurs privés possesseurs de larges bibliothèques à l’époque de la Renaissance. La vieille Bibliothèque du Vatican, commencée au IVe siècle par le pape Damase, a été réorganisée selon les principes modernes par le pape actuel qui fut, lorsqu’il était cardinal Rati, bibliothécaire de l’Ambrosienne de Milan. La Laurentienne de Florence (Medicis-Laurenziana), la Biblioteca Nazionale de Florence, la Vittorio Emmanuele de Rome, les Bibliothèques de Naples, Palerme, Turin, Bologne, Padoue. En Italie fasciste, on continue d’agiter le problème de doter toute commune d’une bibliothèque populaire pourvue de bons livres, bien attrayante. On demande que s’en occupe l’« Opera Nazionale Dopolavoro ».

i) Russie. — Ce pays possède de très grandes bibliothèques. Celle de Leningrad (4,260,000 vol.) a été récemment doté d’un nouvel édifice. À Moscou, la Bibliothèque Lénine. Suivant le décret soviétique du 4 mai 1920, toutes les bibliothèques de la République forment dans leur ensemble le réseau unique des bibliothèques de l’État. La réforme intérieure est analogue à celle des musées et des archives. L’administration dépend d’organismes spéciaux du Commissariat de l’Instruction publique.

j) Vatican. — La Bibliothèque du Vatican est ancienne et riche Son origine remonte au début du XVe siècle, à Martin V. Elle fut victime d’une catastrophe foudroyante, une partie s’étant écroulée. En 1932, le Pape Pie XI a inauguré le nouvel édifice.

k) Société des Nations. — Dès sa fondation, la S. D. N. a établi sa bibliothèque. La donation Rockefeller de deux millions de dollars lui assure un édifice joint au nouveau Palais des Nations à Genève.[1] Le Bureau international du Travail possède une grande bibliothèque.

l) Organisations internationales. — Elles ont réalisé de grandes bibliothèques. Celles du Palais de la Paix (La Haye), de l’Institut International d’Agriculture (Rome), de l’Union Panaméricaine (Washington). L’Union des Associations a organisé en Bibliothèque Mondiale celle du Mundaneum (Palais Mondial à Bruxelles).

262.2 Les espèces de Bibliothèques.
262.21 Généralités.

Il existe un nombre considérable de bibliothèques. Elles sont différenciées par le public à qui elles s’adressent (bibliothèques savantes et non savantes) ; par la nature des collections (bibliothèques générales et spéciales) (livres nationaux ou étrangers) ; par la sphère d’action sur laquelle s’étend leur organisation (bibliothèques communales ou municipales, régionales ou provinciales, nationale, internationale).

On peut classer les bibliothèques de la manière suivante :

1° Les grandes bibliothèques nationales : elles ont pour but de conserver toute la production nationale et de former de grandes collections générales, en vue des études et des recherches de toute nature. 2° Les bibliothèques publiques, établies dans tous les centres de population et destinées à multiplier les facilités de lecture et d’étude pour le public en général. 3° Les bibliothèques des institutions scientifiques d’étude ou d’enseignement ; universités, instituts, observatoires, musées, jardins botaniques, etc. 4° Les bibliothèques des administrations publiques : ministères, parlements, municipalités, services publics de toute espèce. 5° Les bibliothèques des associations scientifiques, des corps savants et des sociétés qui poursuivent des buts d’intérêt général dans tous les do-

  1. Sevensma T. P. — La Bibliothèque de la Société des Nations. Paris, Champion, 8e, 1930.