Page:Otlet - Traité de documentation, 1934.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
255
LE LIVRE ET LE DOCUMENT

ignorance, pour réfuter pour louanger. Le nombre des idées générales, se réduit alors à peu de chose. Le professeur a justement pour fonction de recueillir ce résidu d’idées dans le fatras des mémoires. (Bouasse).

255.7 Formes et modes de reproduction.

a) Quel que soit leur objet, leur type de structure ou leur destination, les bibliographies et catalogues sont, quant à leur forme, ou manuscrites ou imprimées ; et quant à leur mode de reproduction, établis sur registres, en volumes ou fiches. Les modes de reproduction sont à la main, à la machine à écrire, au multiplicateur (stencil), par cliché typographique (galvano), sur plaque litho-linographique, par reproduction photographique (Photostat), par microphotographie (Photoscope, Cinéscope).

b) Longtemps, les catalogues furent manuscrits, puis ils s’imprimèrent. La tendance aujourd’hui est de revenir à l’état manuscrit (dactylographié) à cause du travail et du coût des catalogues imprimés.

c) L’impression des fiches (production, emmagasinement, conservation) ont fait l’objet d’études nombreuses et approfondies. Un système efficient consisterait à pouvoir conserver la matière des notices et à faire les tirages en cas de besoin. Le Concilium Bibliographicum a fait dès 1896 les premières réalisations à base de typographie. L’I.  I. B., dans les années 1897 à 1900, a fait des essais basés sur les plaques zinco-lithographiques. Plus tard ont été proposés les procédés linotype et monotype, les procédés à base de photographie, puis l’Adrema.

Les machines à adresses sont venues révolutionner techniquement la bibliographie, car elles permettent d’établir sur stencil, à l’aide de simples machines à écrire aux caractères variés, les matières des notices ayant jusqu’à neuf lignes. On peut ensuite les reproduire à volonté, sur fiches ou en listes. La notice bien établie et complète à l’origine peut donner lieu à des publications à volonté, prêtes à prendre place dans n’importe quel cadre de classement, et en tel nombre de duplicata qu’il est jugé nécessaire. La machine opère aussi la sélection, permettant de tirer en plusieurs exemplaires, ou de ne pas tirer telle ou telle fiche indiquée. On a calculé qu’une personne, par an, pourrait établir 20,000 fiches selon cette méthode.[1]

d) La généralisation du catalogue imprimé sur fiches réaliserait de grands avantages : identité entre les catalogues et la bibliographie, celle-ci, et avant tout le Répertoire Bibliographique Universel, pouvant incorporer toutes les fiches ; impression par les bibliothèques ; ventes de fiches à l’unité pour les catalogues des autres bibliothèques ; réimpression continue au fur et à mesure des besoins ; possibilité un jour d’entente entre toutes les grandes bibliothèques pour ne pas dupliquer inutilement le travail, ces bibliothèques possédant toutes une partie des mêmes livres. On peut établir des répertoires et catalogues sur fiches en utilisant les catalogues imprimés ; mais c’est assez coûteux. On a calculé qu’il faudrait plusieurs milliers de dollars pour découper, coller et classer toute l’accumulation des suppléments au catalogue du British Museum. Le catalogue sur fiches supprime ces frais ; elles sont des contributions directement intercalables.

e) On peut considérer la forme du catalogue imprimé sur fiches du format 12 ½ × 7 ½, comme supérieure à toutes les autres. On a le grand exemple de la Library of Congress, les exemples des bibliothèques de Berlin, de La Haye, de la Bibliographie russe (Palais du Livre). La Société des Nations publie sur fiches internationales les notices de ses publications. L’American Arbor Library (Michigan) a commencé sous cette forme l’impression pour ses services et celui de 25 autres bibliothèques qui lui achètent ses fiches. L’éditeur Wilson, aux États-Unis, ajoute des fiches catalographiques à ses éditions. Des firmes publient de leurs nouveaux ouvrages des fiches. Ex. : Verein Deutscher Ingenieur Zeitschrift, Maschinenbau, Archiv für Warmenwirtschaft und Dampfkesselwesen, etc.

f) Toutes les tentatives faites en Amérique pour publier des fiches de catalogues échouèrent aussi longtemps que l’entreprise fut établie sur une petite échelle. Elle réussit merveilleusement du jour où la Library of Congress prit l’affaire en mains et donna à tous l’assurance d’une continuité et d’une régularité parfaite. Le catalogue de la Library of Congress est établi sur fiches du format international ; des exemplaires en ont été déposée dans certaines bibliothèques ; le catalogue est en connexion avec les entrées du copyright ; il est pratique pour le prêt international, le service du photostat. Il y a plus de 44,000 souscripteurs aux fiches. Chacun peut acheter par unités, qu’il désigne les fiches éditées par la L. C. Celle-ci a toujours en stock un certain nombre d’exemplaires et procède à des réimpressions. Les fiches portent un numéro d’ordre, les cotes de la Classification de la Bibliothèque et, maintenant aussi, celle de la Classification décimale. On commence à imprimer sur les livres eux-mêmes, page de garde, le n° de la fiche du Congress. Tout possesseur de l’ouvrage peut ainsi facilement s’en procurer la fiche. Ainsi est évité aux bibliothèques particulières un travail répété de catalographie.

g) La méthode d’impression à la linotype, pourvu que l’on ne consacre qu’une ligne à chaque notice (one title, one bar linotyp method) permet d’utiliser à bas prix la même composition typographique pour l’ordre alphabétique et l’ordre géographique (ex. : Index Directory of Special collections de E. C. Richardson).

L’impression à la linotype facilite aussi l’établissement des tables et des catalogues dits cumulatifs. Le procédé de la cumulation permet d’éviter les recherches sous plusieurs séries à classement alphabétique ou méthodique recommençant.

  1. E. Morel. « Mécanique et Bibliographie ». La Librairie, 15 déc. 1933.