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DISTRIBUTION DU LIVRE

b) Le développement de la presse quotidienne, le progrès de l’enseignement primaire, la diffusion du livre, l’établissement du libraire régional, ont porté un coup à peu près décisif à la littérature de légende, de calembredaines et de billevesées, qui était celle d’autrefois.

c) Le colportage des livres a été et reste un moyen de vente du livre. Dans les centres éloignés des États-Unis, les livres ne parviennent en général à la connaissance du public que par le moyen de colporteurs. Il n’y a pas de magasin bien approvisionné pour satisfaire les goûts et éveiller la curiosité des lecteurs.

Une innovation a consisté en automobiles aménagées en librairies. Elles sont destinées à offrir les ouvrages en vente dans les villes où la librairie n’est encore organisée que d’une manière rudimentaire.

253.233 MESSAGERIE.

De grands services de messageries des journaux et périodiques ont été organisés. En France les Messageries Hachette font le service de distribution et d’encaissement aux kiosques, aux gares. Elles expédient chaque jour jusqu’à 275,000 kg. de papier imprimé en 58,000 colis. La vente à Paris groupe à l’aide de 15 voitures-navettes 55 dépôts parisiens fournissant eux-mêmes plus de 260 libraires-papetiers et kiosques. Les services des abonnements, remplaçant les administrations, mettent sous bande et expédient en temps et lieu les journaux à 1,055,000 abonnés.

Les Messageries ont pris une grande importance. Maîtresses des bibliothèques de gares et de kiosques, elles ont puisé dans leur monopole le moyen d’exclure de la distribution certains organes qui leur déplaisaient. Les détaillants et dépositaires de France, appuyés par les journaux exclus, ont mené une campagne de protestation. S’appuyant sur la forme de société anonyme, des messageries pourraient faciliter une intrusion de l’étranger. On a demandé un contrôle de l’État.[1]

253.234 LIBRAIRIE ANCIENNE.

1. L’achat et la vente des ouvrages anciens font l’objet d’une branche spéciale de la librairie, dite « Bouquinerie » ou « Antiquariat ». Elles donnent lieu à de puissantes organisations.

2. Ainsi, de grosses maisons acquièrent le stock entier de certains périodiques et de certains livres et les remettent alors en vente aux prix qui en permet la raréfaction sur le marché. Des maisons ont aussi un département spécial pour les dissertations et les tirés à part. Elles acquièrent des bibliothèques entières. Elles ont des agents dans le monde entier assurant l’entrée continuelle de livres d’occasion. La combinaison avec des services de librairie moderne complète le système. La concentration des inscriptions aux périodiques transférée ensuite aux éditeurs donne des facilités de toutes sortes tout en activant les expéditions. Elles ont des comptes bancaires et chèques postaux en tous pays, des agences dans les principaux centres universitaires. La centralisation des commandes chez un seul libraire comporte réduction des frais. Les expéditions de livres et fascicules de périodiques, peuvent être faites en même temps. Les comptes sont réglés avec une seule maison. La maison Gustave Foch, Leipzig, a des succursales à Berlin, à New-York, à Tokio et à Osaka. La maison annonce qu’elle est en relation avec 50,000 clients ; que son dépôt permanent de thèses, annuaires et tirés à part dépasse 500,000 ; que dans son Bulletin bibliographique mensuel (Bibliographisches Monatschrift), elle a mentionné environ 150,000 ouvrages. Elle a mis en distribution 664 catalogues dont certains comprennent jusqu’à 600 numéros. Elle annonce la mise en vente de 15,000 monographies, dissertations, programmes et brochures concernant tout le domaine de la philologie classique pour 5,000 RM.

La H. W. Wilson Company annonce qu’elle dispose pour son service d’échange des périodiques de plus de 1 million d’exemplaires de numéros de 3,000 périodiques. Elle en a dressé un catalogue.

3. D’une manière générale, comment se procurer les livres qui sont hors de la circulation ou épuisés ? (Out of the way — and out of print). Il y a la librairie ancienne (antiquariat), les ventes publiques de livres, les doubles dont les Bibliothèques et les particuliers sont décidés à se défaire. Des catalogues sont publiés et dans les livres demandés (par ex. « Books wanted » publié dans « The Publisher and Bookseller »). Mais tous ces moyens manquent de rapidité parce que sans lien et décentralisés. L’Office International de Bibliographie a étudié un projet qui consisterait à établir aux côtés du Répertoire Bibliographique Universel une « Bourse Internationale » l’antiquariat réalisé sous forme de livres offerts sur fiches vertes et de livres demandés sur fiches roses. Les librairies anciennes et les particuliers établiraient les premières et moyennant une légère taxe les feraient insérer dans le Répertoire de la Bourse. Les bibliothèques, les particuliers et les libraires aussi agiraient pour compte de leurs clients ou dans le but d’intégrer certaines collections, dresseraient et enverraient les fiches roses. L’offre rencontrerait automatiquement la demande dans le Répertoire. Ainsi pendant la guerre, pour faciliter à se rejoindre les familles des évacués et refoulés, fonctionnait à Genève le grand répertoire sur fiches de la Croix Rouge.

4. Livres d’occasion. — Le Börsenverein allemand a pris des décisions relatives à la vente des livres d’occasion : a) tout ouvrage dont l’édition est épuisée peut être inscrit d’office sur un catalogue de librairie d’occasion ; b) par contre, il est interdit de livrer à prix réduit, à la place des exemplaires d’occasion de l’édition épuisée que l’on

  1. Un jugement récent au sujet des Messageries Hachette contient de très suggestifs attendus.